Le_soleil_se

Le soleil se lève sur une chaude journée d'été. Une douce brise fait onduler les blés dans les champs. Je m'étire doucement sur mon rocking-chair. A perte de vue, les champs au gré du léger vent. Le peuplier centenaire agite ses feuilles dans une petite chanson douce. Mais au loin, déjà, des nuages sombres s'amoncellent. Un orage se prépare sûrement. Malgré cette heure matinale, la chaleur est déjà étouffante. J'allume un ventilateur mais il ne me renvoie que de l'air tiède, rien pour me rafraîchir. Il me semble que ma maison est modeste dans cet immense espace, et aussi très fragile. D'un coup le vent s'éteint, mais les nuages sombres continue à avancer tout doucement dans ma direction, sans bruit. Une nué d'oiseaux traversent le ciel, fuyant le ciel menaçant. Je me prépare un café dans la cuisine, les informations à la radio ne donne aucune alerte aux tornades. J'observe par la fenêtre cette étrange nué menaçante. Elle avance toujours sans bruit, et elle lentement tout l'horizon. La brise semble s'être relevée, mais elle ne rafraîchit pas pour autant l'air étouffant. Je ressors sur la terrasse, tenant ma boisson dans la main. Les épis de blé s'agitent sous le vent, ondulent vague par vagues. Les branches du peuplier s'agitent frénétiquement, secoué dans tous les sens. J'ai l'impression d'un océan de blés secoué par de grosses vagues. Les nuages dans le ciel entament un étrange ballet. Une rotation imperceptible semble émerger de leur danse, puis un entonnoir apparaît cette fois franchement. J'assiste avidement la manifestation de la puissance de la nature. L'entonnoir descend du ciel au loin, et flotte dans les airs. Enfin elle touche le sol et sautille un petit peut avant de franchement se stabiliser, et elle déchire les champs de blé de toute sa force. La radio n'annonce toujours aucune alerte mais je sais que c'est inutile. Elle est déjà là , prête à fondre sur nous.
Je me détache de se spectacle et par sécurité, je rentre dans la cave. Je ferme solidement la porte et je laisse la tempête passer. J'entends tout d'abord un mugissement qui augmente de plus en plus. Le vent semble être très fort dehors, mais je suis bien à l'abri. Une lumière pend au plafond, elle est sur batterie, donc je ne craint par d'être dans le noir pendant la tempête. Le vent souffle de plus en plus fort dehors, j'entends des craquements. Ma maison gémit sous les coups de buttoirs. Les craquements se font de plus en plus persistants, et le fracas devient assourdissant. La lampe oscille sous les vibrations et le sol se met à trembler d'un coup. Heureusement ma cave tient bon. Un peut de poussière tombe du plafond. Puis plus rien, le calme tombe d'un coup. Encore sourd, je lève la tête surpris. Plus par réflexe, je regarde le plafond et je ne voie que les veines du bois. Le fracas revient d'un coup, comme une explosion. Le sol tremble de plus belle, la lampe oscille, faisant danser les ombres autour de moi. Puis le bruit baisse, décroit jusqu'à disparaître. J’attends un peux avant de ressortir de mon refuge.
Tout autour de moi n'est que champs de ruine. Ma maison s'est effondrée sous le coup du peuplier centenaire. J'aimais bien lire sous son feuillage le soir, mais là , il est sur le sol, éventrant la cuisine. Toute la vaisselle est sur le sol, les tuyaux d'eaux ont lâché. Autour de moi, les champs sont arrachés, laissant apparaître le trajet de la tornade. Le sol est béant, la terre mise à nue, les arbres arrachés. Derrière mon ex demeure, la tempête se dissipe au loin, emportant avec elle, sa terrible rage destructrice. Il ne me reste de mes biens, plus qu'un amas de planches et de gravats. J'ai tout perdue de ma vie, de mon passé, il ne me reste plus que mes souvenirs. Et j'attends les secours assis sur le tronc du peuplier, les mains sur mes yeux, perdue dans mes pensées.