Routine




Chaque jour est une routine. Quand je sort sur mon palier, je hèle mon voisin d'en face. Je suis arrivé dans le quartier depuis quatre ans et il est devenu un ami. Sa femme est une serveuse au café du coin et lui: fonctionnaire. Ils n'ont put avoir d'enfant car par malchance, il est stérile. Sa demande d'adoption est toujours en attente. Je suis célibataire et cela pose un peut problème dans le voisinage. La mégère du quartier colporte une homosexualité refoulée, alors qu'en fait mon tempérament de maniaque ne supporte pas le changement de mes petites habitudes. Chaque jour, à la même heure, je sors sur le perron et je ramasse mon journal. Je le feuillette toujours la page de la bourse en premier. Les informations disent toujours que tout va mal, alors je n'y jette même pas un coup d’œil. Après avoir suivie les affres des cotations de la veille, je le jette dans le broyeur et je me fais un café. Puis je me prépare et je prends l'autobus pour aller au travail au centre-ville. Je trie des centaines de courriers pour mes patrons. J'ai deux corbeilles: utiles ou inutiles; et généralement, la corbeille inutile est toujours pleine en première. CA, c'est normalement ce que je fais tous les jours.

Sauf qu'aujourd'hui, lorsque je sors devant ma porte, rien: pas de voisin, pas de mégère. Juste mon journal sur le paillasson. Il est comme d'habitude, avec toujours les mêmes informations. Mais à part ça, c'est le néant. Au delà des marches, c'est le vide, rien, le noir complet, juste un trou qui fait le tour de la maison. Éberlué, je rentre et par pur réflexe, j'appelle mes employeurs pour les prévenir de mon retard. Sauf que là : pas de tonalité. Dans ma cuisine, tout fonctionne, mon café chaud est prêt, le réfrigérateur s'allume et est bien froid. Mais au-delà de mes fenêtres, il n'y a toujours que du néant.

Soudain, derrière moi, j'entends frapper. Je me retourne, on frappe à la porte du placard à provision. Doucement, elle s'ouvre et un petit homme tout chétif apparaît. Il grommelle quelques mots que je ne saisie pas, puis il me fais signe de le suivre. Dois-je le suivre ou non ? Je ne pense pas que vu la situation, je risque grand-chose et je m'exécute. Je descends les marches qui mènent à une ruelle sombre. Un peux surpris par ce que je voie, j'observe attentivement les alentours. Je voie en face de moi mon voisin, mais ce n'est pas vraiment lui. Il semble complètement desséché. Il ne répond pas à mon salut amical, il reste immobile. Le nabot me tire par mon pantalon et me guide vers une sorte de véhicule. Il est munie de trois roues et est tiré par des créatures squelettiques et ailées. Elles sont elles aussi posées sur trois pattes: deux devants et une derrière. Leurs étranges ailes en peaux semblent leurs donner un manteaux où émergent une tête à bec crochue et avec trois yeux. Je me retourne vers l'escalier, il a maintenant disparut dans le néant. On me pousse dans le véhicule que je monte contraint et forcé. Celui, dans un soubresaut s'envole, laissant toutes ces illusions derrières. Je me retrouve seul et je voie à travers les fenêtres quelques lumières fugitives.

Après une attente interminable, mon mode de transport s'arrête sans heurt. Je descends et j'observe attentivement ce qui m'attend. Devant moi, un couloir grisâtre semble m'inviter. J'avance encore et encore, interminablement. Je ne sais pas pourquoi je suis là , ni ce que je dois faire. La seule certitude, c'est qu'une réponse m'attend peut-être à la fin du couloir. J'aperçois enfin au loin une lumière terne et je me dis que mon périple touche peut-être enfin à sa fin.

Je pénètre finalement dans une pièce avec une balance. Un écriteau dis: « ton corps pure sera léger, impur, il sera lourd.» Une croix sur le sol m'indique que je dois m'y placer, et j’attends. Imperceptiblement, la balance oscille et penche de plus en plus vers la droite. L'écriteau change de couleur et un nouveau message m'invite à aller vers la porte de droite. Celle-ci, que je n'avais pas encore remarquée s'ouvre lentement et j'entre dans une autre pièce. Au milieu, traîne une chaise qui m'invite à m'y asseoir. Une fois installer, j’attends, mais rien. Pas un bruit, de mouvement, de murmure le plus infime, juste un tremblement de nervosité se fait sentir. Puis une voix douce s'exclame: « Veuillez nous excusez de notre erreur, vous allez retourner d'où vous venez.» puis plus rien, la voix s'est tue. La lumière commence à baisser et je sens une légère piqûre dans le cou. Rapidement je ferme les yeux et je m’assoupis.

Je me réveil frais le matin, tout est là , rien dans le placard, mon voisin me salue comme à son habitude, le journal m'attend sur le perron. Dans la cuisine, mon café est là , froid. La cafetière a grillé et nage dans l'eau qui goutte inonde aussi le sol!


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